Extrait du journal d'Artan :
Le village avait l’air sombre et peu rassurant et le sang
des bêtes que nous avions tuées tachait nos vêtements et nos visages.
« Il faudra se laver de tout ce sang avant
d’approcher les habitants » dit Randall ; « Passer par le fleuve
nous permettra d’avancer tout en se tenant à l’écart » rajouta Kim.
La rivière se révélait être profonde et ses eaux,
étrangement cristallines, nous permirent de nous nettoyer convenablement.
Dès la bordure nous avons pu mieux voir le village. Ses constructions
avaient l’air étrange, bien différent de celles que nous avons pu observer dans
la région. Damien, consterné, n’y reconnaissait pas le style typique des bâtiments
elfiques.
Le fleuve poursuivait au long de la vallée et coulait plutôt
doucement. Loin, vers le village, nous avons pu entrevoir un pont en pierre.
Près de nous, une île boisée se dressait au milieu des flots.
Le corbeau de Kim me fit sursauter. Je ne vais jamais
m’habituer à le voir apparaître de nulle part. En quelque instant il fut sur l'île, pour disparaître aussitôt dans les arbres.
Quelques instants plus tard Kim fut à nouveau parmi nous,
mal à l’aise et effrayée. Quelque chose avait attrapé son familier et elle
pouvait encore sentir son toucher glacial sur sa peau. L’île était apparemment
un lieu de repos, ou de non repos, pour les morts.
J’ai donc essayé de proposer une expédition sur l’île pour
la nettoyer de cette saleté. L’idée de passer la nuit dans ce lieu après s’être
baignés dans les eaux glaciales qui coulaient devant nous fut suffisante à nous
dissuader tous.
Le soleil, caché par des épais nuages, paraissait descendre et
nous avons alors décidé de marcher vers le village.
Fait étrange, une grande partie des maisons était barricadée.
Les gens avaient l’air de se diriger rapidement vers leurs habitations en
refermant rapidement leurs portes une fois rentrés.
Damien ne voyait pas un seul elfe.
Un grand bâtiment à l’ouest attira notre attention, nous
nous approchâmes. C’était la demeure d’un notable, mais les temps et le manque
évident d’entretien plongeaient le lieu dans un air de misère et désolation.
Convaincu de se trouver devant la propriété des Indirovich,
Randall frappa à la porte. Il avait raison. La jeune fille qui nous répondit
devait être terrorisée car nous ne trouvâmes pas le moyen de lui faire ouvrir
la porte.
Même mon charme légendaire, dans cette occasion, ne fut pas de taille.
Même mon charme légendaire, dans cette occasion, ne fut pas de taille.
Personne n’était plus dans la rue désormais. Il fallait
chercher un lieu où se reposer et se restaurer après une telle journée. Tout le
village avait l’air minable et l’auberge dans la place centrale ne faisait
guère exception. L’endroit était mal éclairé et manquait cruellement
d’animation.
Malgré tout, c’est avec une échoppe à la main que nous avons
pu rencontrer Ismark Indirovich, fils de Kolyan. Il nous apprit que cette ville
désolée était tyrannisée par le seigneur du château qui terrorisait les
habitants et menaçait à tout instant la vie de sa sœur, Ireena Kolyana. Son père, auteur de la
lettre que nous avions trouvé, était mort.
Nous étions prêts à sortir quand Kim fut menacée par des
manouches qui traînaient dans les lieux. L'un d’entre eux m’attaqua lâchement,
avant que je ne puisse sortir mon arme. Inutile de dire que quelques instants
plus tard il le regrettait déjà ! Si Randall ne m’eut pas arrêté, il aurait eu
bien peu de temps restant pour regretter ses actions !
Le sang de cet impertinent n’avait pas arrêté de couler
quand Ismark commença à crier : « il faut rentrer, vite, la nuit va
tomber ». Quelques centaines de pas seulement nous séparaient de la maison,
mais l’obscurité tomba comme un éclair, rapidement suivie par une pluie
battante et glaciale.
Ce fut un soulagement de pouvoir s’abriter dans la grande
demeure des Indirovich. Une fille était seule dans la grande salle d’entrée. La jeune Ireena Kolyana était d’une beauté extraordinaire, égalée seulement par la tristesse
qui hantait son regard. Le soulagement de voir rentre son frère se mua rapidement
en peur quand elle nous vit. Elle était convaincue que nous étions des agents du
Seigneur. Ismark la calma.
Un silence étrange tomba aussitôt dans la pièce. Damien
n’avait cessé depuis le matin d’être continuellement étonné par les évènements et
il ne manquait guère de nous en faire part à chaque instant. Mais ses « je
ne comprends pas » et « où sont les elfes » ne résonnaient pas
dans la grande salle.
La pluie, qui tombait
copieusement quelques instants plus tôt, semblait s’être arrêtée. C’est à ce
moment que, en regardant par la fenêtre, j’ai pu voir les derniers terribles
instants de Damien.
Après ce qui m’a
paru être une éternité, quelqu’un frappa à la porte. Le Seigneur du lieu, avec
une voix profonde et moqueuse demandait à rentrer. Ireena était exaspérée ;
elle commença à pleurer et paraissait être au bord du gouffre. Kim la calma
avec un de ses sorts.
Finalement, sans avoir pu rentrer, le Seigneur partit.
Pour aider cette pauvre famille Gaëlle décida de prier sur le corps du père. La jeune fut de suite amenée dans sa chambre pour qu’elle puisse prendre du repos. Son frère nous offrit le meilleur rôti de chien que j’ai pu manger dans ma vie et nous parla du Seigneur qui tyrannisait sa famille.
Finalement, sans avoir pu rentrer, le Seigneur partit.
Pour aider cette pauvre famille Gaëlle décida de prier sur le corps du père. La jeune fut de suite amenée dans sa chambre pour qu’elle puisse prendre du repos. Son frère nous offrit le meilleur rôti de chien que j’ai pu manger dans ma vie et nous parla du Seigneur qui tyrannisait sa famille.
J’ai cru comprendre qu’une expédition avait déjà été tentée
mais que le seul survivant, le fil du prêtre du village, était revenu blessé dans son corps comme dans son esprit. Il vivait reclus depuis.
Ismark nous proposa de conduire en cachette sa sœur jusqu’au
village plus proche pour la libérer de l’emprise maléfique de son persécuteur.
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