vendredi 9 février 2018

L'arrivée à Barovia

Extrait du journal d'Artan :

Le village avait l’air sombre et peu rassurant et le sang des bêtes que nous avions tuées tachait nos vêtements et nos visages.

« Il faudra se laver de tout ce sang avant d’approcher les habitants » dit Randall ; « Passer par le fleuve nous permettra d’avancer tout en se tenant à l’écart » rajouta Kim.
La rivière se révélait être profonde et ses eaux, étrangement cristallines, nous permirent de nous nettoyer convenablement.

Dès la bordure nous avons pu mieux voir le village. Ses constructions avaient l’air étrange, bien différent de celles que nous avons pu observer dans la région. Damien, consterné, n’y reconnaissait pas le style typique des bâtiments elfiques.
Le fleuve poursuivait au long de la vallée et coulait plutôt doucement. Loin, vers le village, nous avons pu entrevoir un pont en pierre. Près de nous, une île boisée se dressait au milieu des flots.
Le corbeau de Kim me fit sursauter. Je ne vais jamais m’habituer à le voir apparaître de nulle part. En quelque instant il fut sur l'île, pour disparaître aussitôt dans les arbres.
Quelques instants plus tard Kim fut à nouveau parmi nous, mal à l’aise et effrayée. Quelque chose avait attrapé son familier et elle pouvait encore sentir son toucher glacial sur sa peau. L’île était apparemment un lieu de repos, ou de non repos, pour les morts.

J’ai donc essayé de proposer une expédition sur l’île pour la nettoyer de cette saleté. L’idée de passer la nuit dans ce lieu après s’être baignés dans les eaux glaciales qui coulaient devant nous fut suffisante à nous dissuader tous.

Le soleil, caché par des épais nuages, paraissait descendre et nous avons alors décidé de marcher vers le village.
Fait étrange, une grande partie des maisons était barricadée. Les gens avaient l’air de se diriger rapidement vers leurs habitations en refermant rapidement leurs portes une fois rentrés.
Damien ne voyait pas un seul elfe.
Un grand bâtiment à l’ouest attira notre attention, nous nous approchâmes. C’était la demeure d’un notable, mais les temps et le manque évident d’entretien plongeaient le lieu dans un air de misère et désolation.
Convaincu de se trouver devant la propriété des Indirovich, Randall frappa à la porte. Il avait raison. La jeune fille qui nous répondit devait être terrorisée car nous ne trouvâmes pas le moyen de lui faire ouvrir la porte. 
Même mon charme légendaire, dans cette occasion, ne fut pas de taille.

Personne n’était plus dans la rue désormais. Il fallait chercher un lieu où se reposer et se restaurer après une telle journée. Tout le village avait l’air minable et l’auberge dans la place centrale ne faisait guère exception. L’endroit était mal éclairé et manquait cruellement d’animation.
Malgré tout, c’est avec une échoppe à la main que nous avons pu rencontrer Ismark Indirovich, fils de Kolyan. Il nous apprit que cette ville désolée était tyrannisée par le seigneur du château qui terrorisait les habitants et menaçait à tout instant la vie de sa sœur, Ireena Kolyana. Son père, auteur de la lettre que nous avions trouvé, était mort.

Nous étions prêts à sortir quand Kim fut menacée par des manouches qui traînaient dans les lieux. L'un d’entre eux m’attaqua lâchement, avant que je ne puisse sortir mon arme. Inutile de dire que quelques instants plus tard il le regrettait déjà ! Si Randall ne m’eut pas arrêté, il aurait eu bien peu de temps restant pour regretter ses actions !

Le sang de cet impertinent n’avait pas arrêté de couler quand Ismark commença à crier : « il faut rentrer, vite, la nuit va tomber ». Quelques centaines de pas seulement nous séparaient de la maison, mais l’obscurité tomba comme un éclair, rapidement suivie par une pluie battante et glaciale.

Ce fut un soulagement de pouvoir s’abriter dans la grande demeure des Indirovich. Une fille était seule dans la grande salle d’entrée. La jeune Ireena Kolyana était d’une beauté extraordinaire, égalée seulement par la tristesse qui hantait son regard. Le soulagement de voir rentre son frère se mua rapidement en peur quand elle nous vit. Elle était convaincue que nous étions des agents du Seigneur. Ismark la calma.
Un silence étrange tomba aussitôt dans la pièce. Damien n’avait cessé depuis le matin d’être continuellement étonné par les évènements et il ne manquait guère de nous en faire part à chaque instant. Mais ses « je ne comprends pas » et « où sont les elfes » ne résonnaient pas dans la grande salle.
 La pluie, qui tombait copieusement quelques instants plus tôt, semblait s’être arrêtée. C’est à ce moment que, en regardant par la fenêtre, j’ai pu voir les derniers terribles instants de Damien.
Après ce qui m’a paru être une éternité, quelqu’un frappa à la porte. Le Seigneur du lieu, avec une voix profonde et moqueuse demandait à rentrer. Ireena était exaspérée ; elle commença à pleurer et paraissait être au bord du gouffre. Kim la calma avec un de ses sorts. 
Finalement, sans avoir pu rentrer, le Seigneur partit.






Pour aider cette pauvre famille Gaëlle décida de prier sur le corps du père. La jeune fut de suite amenée dans sa chambre pour qu’elle puisse prendre du repos. Son frère nous offrit le meilleur rôti de chien que j’ai pu manger dans ma vie et nous parla du Seigneur qui tyrannisait sa famille.
J’ai cru comprendre qu’une expédition avait déjà été tentée mais que le seul survivant, le fil du prêtre du village, était revenu blessé dans son corps comme dans son esprit. Il vivait reclus depuis.


Ismark nous proposa de conduire en cachette sa sœur jusqu’au village plus proche pour la libérer de l’emprise maléfique de son persécuteur. 

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